[FINI]~ Première rencontre avec l'Alpha [pv Wayne]

Après plusieurs jours de marche, j'arrivai enfin devant le Village Source.
Rien que de voir ces immenses arbres me donnait le vertige. Cela me changeait du paysage de feu !! Je trouvai admirable ces troncs portants ces magnifiques feuilles de couleur émeraude. Ils étaient certainement présents ici depuis des millénaires ! Il ont du en voir des choses. Ils savaient peut-être même si les Evalariens existaient...

J'escaladais l'échelle pour arriver tout en haut, et trouvais le plus grand arbre, abritant la demeure de l'Alpha.
Demeure magnifique d'ailleurs, toute de bois recouverte, incrustée de pierres aux couleurs émeraude, saphir et quelque unes à l'étrange couleur jade et argent, placées de manière symétrique, des deux côtés de la porte. Le toit était recouvert de feuilles d'automne. Étonnamment, elles n'étaient pas mortes, mais aussi vives qu'avant qu'elles ne tombent de leurs branches. Une enseigne indiquait le nom du chef du Natri.
L'Alpha... Grâce à lui, j'allais enfin découvrir si ce peuple sous la terre était une légende ou bien la réalité.. Je me sentais surexcitée.
Une fois à l'intérieur, je fus accueillie par un jeune homme d'une vingtaine d'années, les yeux verts et la peau très bronzée. Après m'être présentée, je demandais d'une voix tremblante d'impatience, à voir l'Alpha.
Il me répondit avec un grand sourire et partit le chercher...
Je restais là, à l'entrée..

Des parchemins. Des parchemins. Et encore des parchemins. Affaissé à mon bureau, ma vie n'avait jamais été aussi ridicule que cela. Cloitré dans la pièce, ayant une vue magnifique sur toute le village, je m'amusai à regarder du coin de l'œil le paysage. Les vitraux aux nombreuses lianes de dorures resplendissaient dans le miroir de la pièce, ils étincelaient, m'hypnotisaient, et le temps se retrouvé coupé tandis que mon travail n'avancait pas. J'étais perdu dans la contemplation de la pièce. Ma vie d'Alpha promettait d'être longue et semé d'embuches, il fallait que je gagne en sagesse, que je lises tous ces parchemins pour connaître l'étendue des mes pouvoirs, que je connaisses toutes les légendes et les mythes de toutes les régions de l'Ancien Monde, et de celui que l'on avait bâtit sur ses décombres : Natrie.
Et là ca en devenait très ennuyant, trop ennuyant. Ces deux semaines enfermées dans cette pièce, à lire et re-lire tous çà pour ne pas faire la moindre erreur devant mon maître, commençaient à sérieusement m'abrutir.
De l'air, je voulais de l'air. Et de l'eau.

<< Toc ! Toc ! Toc ! >>

- Entrez !

Un homme entra suite à mon invitation, c'était Albas, un de mes anciens camarades qui -n'ayant pas été choisit par notre maître pour être son successeur- avait été recruté pour transmettre son savoir à son tour aux nombreux enfants Natriens. Il avait été réjouit de ne pas être choisi, le rôle d'Alpha était un rôle trop lourd à ses yeux. Je pense que c'est l'un des seuls qui continuent à m'appeler par mon prénom.

- Wayne ? On te demande !
- Merci Albas.

Je répondais avec le peu d'enthousiasme que j'avais à ce large sourire qu'il m'offrait. Puis je me levai.

- Allez courage Wayne, tu ne resteras pas toute ta vie enfermé dans ce bureau !
- 'Manquerait plus que çà...ronchonnais-je.

Je sorti de la pièce afin de regagner un vaste corridor, il me mena à la salle d'accueil. Tandis que je cherchai des yeux l'ombre qui me demandait, Albas m'indiqua une jeune fille de dos qui observé les gravures de la pièces avec beaucoup d'intérêt, totalement absorbé par les pierreries scintillantes.
Arrivé à sa hauteur, je regardai un instant la couleur de ses cheveux bruns roussit, ondulant dans son dos comme les pétales d'une fleurs sauvage. Elle n'avait pas l'air de venir d'ici. J'appliquai mes longues heures d'études pour reconnaître d'où elle venait en fonction de ses particularités physiques. Cheveux rougeoyant, odeur de cendre, peau blanche, donc très peu de soleil. Émerveillement pour les pierres de saphirs...Elle venait sans aucun doute de la région volcanique où le rouge est la couleur de la vie. Je m'adressai à elle.

- Que puis-je faire pour vous mademoiselle ?

Une fois ce jeune homme parti, je me décidai à rentrer dans la maison. La pièce était vaste et très lumineuse et laissait apparaître des gravures partout sur les murs, incrustés de pierres.
Je profitais de ce moment seule pour prendre quelques secondes de repos, les premières depuis quelques jours...

- Que puis-je faire pour vous mademoiselle ?

Je sursautai.
Cette voix... Rien qu'avec cette petite phrase, je pouvais deviner que la personne qui l'avait prononcée, avait vécu beaucoup de choses, pas des plus faciles, car l'émotion qu'elle faisait ressentir, était assez triste...
Enfin, je me disais que je devais encore une fois inventer des choses.

Je me retournai, et vis, un jeune homme, à ma grande surprise. Je me rendis compte que cette personne était censée être l'Alpha...
N'était-il pas un peu jeune pour être dans des livres vieux d'une trentaine d'années ?

- Ah, bonjour...

Je me sentais troublée, par sa beauté... Comment la définir ? Glaciale. Oui, c'est le bon mot.
Cet homme, semblait froid, ses yeux bleus y étaient pour quelque chose. Bleu polaire.
Il avait des cheveux blancs, je n'avais jamais vu ça de ma vie... C'était magnifique...
Il était magnifique...

- En réalité, je cherche l'Alpha, finis-je par dire.

Elle se retourna dans un élan de surprise. Ses yeux s'écarquillèrent à ma vue. Des iris or aux fines pupilles noir, mangées, dévorées par le feu. Oui, elle venait de ces terres volcaniques, ca n'en faisait aucun doute.

- Ah Bonjour, dit-elle timidement. En réalité, je cherche l'Alpha...

Et encore une. Encore une à se perdre dans ma chevelure blanche, encore une bouleversé par les reflets fantomatiques d'une couleur perdue. Et encore une à me demander à voir l'Alpha, encore une qui hésitait devant moi. "Est-ce lui l'Alpha ? Ou est-ce un échelon à parcourir pour le voir ? Qui est-il ?"
Qui étais-je ? Alpha ou Oméga ? Je suis chargé de toutes les fonctions de l'Alpha, mais j'étudie encore son rôle. Je suis à la tête de Natrie, le précédent Alpha m'a donné tous ses pouvoirs suite à sa maladie, mais il vit encore, et ne cesse de me guider. Officiellement je ne suis que l'Oméga, successeur de l'Alpha, officieusement tout le monde sait que mon maître ne peut plus rien pour eux. Qui suis-je ?

- Et vous l'avez devant vous.

Je suis le successeur de l'Alpha. Je suis l'Alpha.

- Que puis-je faire pour vous être agréable ? Vous venez de très loin, je m'efforcerai de répondre à votre attente.

Je lui souris tout en la regardant malicieusement. Ses yeux ébahit m'amusaient, elle était surprise de voir un Alpha si jeune, oui j'étais jeune, très jeune, trop jeune peut être ?

Je n'en croyais pas mes oreilles. Ce jeune homme, à peine plus âgé que moi était vraiment l'Alpha en personne ?

- Que puis-je faire pour vous être agréable ? Vous venez de très loin, je m'efforcerai de répondre à votre attente, dit-il dans un sourire malicieux.

J'étais encore sous le choc, si bien que je mis un petit moment à lui expliquer ma venue jusqu'ici.

- Euh, eh bien, j'aurais aimé avoir un renseignement. Je voudrais savoir si... Si.. Evalar existe... Ou... Si ce n'est qu'une légende... Tu... Vous comprenez, je me pose cette question depuis si longtemps que... Et ma famille ne m'a jamais répondu... Euh...

J'étais très hésitante dans mes propos. Je me demandais si, alors qu'il était si jeune, pourrait me dire ce que je cherchais à savoir.
Je commençais également à me demander si ma venue jusqu'ici avait servi à quelque chose, si je n'allais pas paraître ridicule à ses yeux, en parlant comme cela d'un endroit qui n'était peut-être même pas réel.
Je me résignai à ne plus penser à ces choses là, et écoutais.

J'étais simplement impressionnée.
J'avais littéralement bu ses paroles.
Tant de savoir en découlait...

- Merci pour ces informations sur cette légende... Je... Suis un peu déçue par le résultat des fouilles... Mais... Je nourris l'espoir que cette cité existe car... Vous voyez ce collier que je porte ? Dans ma famille, il est transmit de génération en génération. Il est raconté qu'il remonte d'avant l'époque de la Grande Guerre. Il appartenait à une de mes ancêtres. Une jeune femme folle amoureuse d'un homme, et qui enceinte de lui, a préféré rester avec ses parents dans le monde dévasté d'en haut à la place de suivre son amour dans le Nouveau Monde, le monde à la paix promise : Evalar... Elle mit au monde l'un des premiers Natriens, et l'éleva dans l'utopie de reconstruire ce monde déchu, ainsi que de réunir le Haut et le Bas, et ainsi retrouver son Amour.

Si on en croit l'histoire de ma famille, mon ancêtre a abandonné son Amour pour participer à la reconstruire Natrie... Mais elle n'a jamais le pu retrouver... Peut-être que, le monde du Bas est inaccessible parce qu'il est à un endroit que personne du monde d'en Haut ne peut imaginer ? Enfin, je vous lance des suppositions comme ça, je ne suis pas sûre que cela puisse vous aider...

Après ce monologue, je me sentais découragée, car je n'avais pas avancé d'un pouce. L'Alpha ne m'avait apprit que la légende d'un autre point de vue que ceux des livres et des anciens de mon village.
Mais j'étais surprise de voir que l'Alpha semblait intéressé par mes paroles.
Il y eut un silence...

Je l'avais écouté d'une oreille attentive, liant les nouveaux éléments qu'elle me donnait à ceux enfouie dans ma mémoire. Une bijoux transmit de génération en génération. Voilà qui était intéressant. Tout à coup j'étais absorbé par ce collier, cette fine chaine d'or embrassant son cou pâle, absorbé dans le creux de sa poitrine, le pendentif en sortait tout juste pour qu'on puisse le contempler. Mais pour tout dire, le regard était plus hypnotisé par le creux dans lequel il était réfugié. Je rassemblais mes esprits. "Wayne tu es l'Alpha, cesse de te comporter comme un adolescent en manque perpétuel de tendresse. Tu es l'Alpha, merde ! Reprends-toi ! Agis comme tel ! "

- Je comprends mieux à présent. Mais vous savez, d'excellents chercheurs ont parcourus les endroits indiqués, il ne reste rien des souterrains, il n'y a que des éboulis, et même après des recherches plus approfondis, les supposés entrés sont des culs de sacs, impossible de creuser plus loin. Je ne pense pas qu'il puisse avoir une entrée qui nous a échappé.

J'avais conscience que j'étais en train d'anéantir ses espoirs. Mais pourquoi cacher la vérité ? Il était plus sage de lui faire confronter maintenant la réalité plutôt de la laisser se berner d'illusions. Ne pas faire comme on me l'avait fait, ne pas qu'elle subisse ce que j'avais subit. Plus jamais d'illusions, même à la plus petite échelle, plus jamais de promesses. Croire est pour les faibles, ou les chanceux qui peuvent supporter le désespoir.

Tout en regardant mon collier... Il me disait lui aussi que l’existence d'Evalar était impossible. Il disait ça d'une voix compatissante, comme s'il avait déjà été dans une situation semblable.
Je me sentais anéantie...

- Eh bien merci pour tout... Je vais retourner... Je ne sais pas...

Oui, où irais-je ensuite ? Le rêve de ma vie, détruit. Je ne savais plus où aller.
Et lui, l'Alpha, il continuait à me regarder.

- J'aurais tellement aimé... Découvrir Evalar...

Je me retournai vers l'extérieur, regardant les arbres couleur émeraude... Puis le ciel, avec ses blancs nuages. Bien qu'il eut détruit mes espoirs, étrangement, il me restait une impression. Comme si la technologie des Evalariens décrite dans les livres de légende anciens faisait résonner les arbres...
Non. Ma détermination n'était pas morte. J'allais rester ici, consulter des ouvrages, pour trouver des indices. Oui, j'y arriverai. Je trouverai ce passage. Même si il ne me restait que très peu de chances, après les révélations de l'Alpha.

- Où pourrais-je trouver un endroit où rester, pour quelques temps ? dis-je avec un grand sourire, sûre de moi...

L'Alpha me conseillait de faire une demande de logement. J'étais si heureuse qu'il ne me chasse pas du Village Source que je fis un grand sourire, laissant apparaître même mes dents.
Une impression de chaleur près de mon coeur me faisait me sentir bien. J'avais même oublié ma fatigue.
Je me retournai encore une fois vers le village. Je regardais les habitants des arbres marcher sur les ponts de bois, se saluant entre eux, rentrant dans les maisons de leurs voisins et amis, tous avaient l'air heureux.
Avec un endroit si paisible, il était normal que la Grande Guerre ne fut pas tellement prise au sérieux... Ni Evalar... Oui, ces personnes ne semblaient pas voir plus loin que leur voisinage...

- Eh bien, je viens de loin oui ! Où pourrais-je faire une demande ? ... finis-je par lui répondre.

Il fit une grimace. Il chancelait... Il ferma les yeux...
Il semblait si mal !! Je commençais à m'inquiéter.

- Est-ce que ça va ??

Je ne savais pas comment réagir...
Comment faut-il réagir avec l'Alpha ?
Je n'osais pas le toucher alors que j'en avais envie. Ses cheveux blancs m'envoûtaient... Je me sentais hypnotisée par ses tresses qui dégringolaient sur son torse musclé.

- Ne vous inquiétez pas. Je suis un peu fatigué ces derniers temps. Et la maladie de mon maître me... Sa maladie ne me permet pas le repos...

Une maladie ?
L'ancien Alpha était malade ?
Quelle homme de confiance, d'intelligence et de force devait-il être pour que la personne la plus importante de Natrie le laisse gouverner à sa place...
Comme j'étais perdue dans mes pensée, il continua à parler sans que j'eus le temps de répondre.

- Vous vouliez savoir où demander ce logement ? Et bien je pense que vous êtes à la bonne porte. C'est ici que la vie de la cité est concentré. Cette demeure n'est pas si grande pour rien, beaucoup la compare aux anciens palais des temps de jadis. Bien qu'aucun ne s'en souvienne. J'ignore si vous avez un tel bâtiment dans les terres Volcaniques...

Il connaissait mes origines rien qu'en me regardant... J'en écarquillai les yeux de surprise !

- Je suis très impressionnée ! Ta réputation n'est pas à faire !...

Quelle gaffe ! Je venais de le tutoyer ! J'étais si gênée...

- Votre... Réputation...

L'Alpha semblait amusé par mon erreur... Je le vis sourire. Quel beau sourire...

- Eh bien... Je ferais une demande de logement. Et en ce qui concerne votre maître... J'ai quelques notions en médecine des plantes. Il paraît que celles de mon village sont rares et ont des bienfaits différents de celles d'ici. J'en ai sur moi, pas en grande quantité mais... Bien mélangée avec les bons ingrédients, elle pourraient l'aider.
Vous en voulez ?

J'avais dit ça d'une voix calme est assurée, sûre de pouvoir servir à quelque chose, cette fois.

- Je suis très impressionnée ! Ta réputation n'est pas à faire !...

J'eus un sursaut. Puis un petit rire caché. Je souris. Son visage s'empourpra sous la gène.
Elle m'avait tutoyé, moi, l'Alpha. Je n'y croyais pas mes oreilles. Cela faisait des années que des inconnus sachant mon rang ne m'avaient tutoyé. Tous les habitants de Galiador avaient commencé à me vouvoyer en sachant que j'étais le successeur de l'Alpha. Lorsque des inconnus -qui ne connaissaient pas mon visage- demandaient l'Alpha, ils me vouvoyaient eux aussi. Seul mes proches ne me vouvoyaient pas, eux ils me connaissaient d'avant et ils avaient le peu de confiance que je pouvais donner. Il y avait ma nourrice, mon maître, et Albas : mon ancien camarade. Bref' pas grand monde.
Entendre un "tu" qui m'est adressé dans la bouche d'une inconnue qui connaissait mon rang, c'était...non seulement rare mais impensable, incroyable.

- Votre... Réputation...Corrigea-t-elle.

Elle posa son regard sur ses pieds, signe de honte. Tandis que moi, je m'en amusais encore. Cette étrangère était très amusante, très étonnante même.

- Eh bien... Balbutia-t-elle. Je ferais une demande de logement. Et...Et en ce qui concerne votre maître...

Elle s'arrêta juste un instant, le temps de froncer les sourcils, perdue dans une réflexion, hésitante. Elle mordu doucement sa lèvre inférieur qui devint plus rouge sous le coup des dents puis légèrement elle reprit sa couleur rosé. Elle finit par ouvrir la bouche, parla, et au fur et à mesure qu'elle parlait, elle prenait en plus en plus d'assurance, perdant toute la gêne qu'elle avait eu quelques secondes plus tôt. Oui, vraiment étonnante cette étrangère...

- J'ai quelques notions en médecine des plantes. Il paraît que celles de mon village sont rares et ont des bienfaits différents de celles d'ici. J'en ai sur moi, pas en grande quantité mais... Bien mélangée avec les bons ingrédients, elle pourraient l'aider.
Vous en voulez ?

Très étonnante même. Avait-elle quelques notions en herborisme ?
J'étais fatigué, tellement fatigué, que je me demandais si j'aurai la force d'aller jusque dans les plaines d'Ersia essayer de trouver une quelconque herbe qui pourrait apaiser. Elle m'offrait son aide, si ses plantes étaient bonnes, je n'hésiterai pas.
Il fallait que je les vois pour être sûr de leur effet. Si elles étaient comestibles, si elles étaient sans effet second, si je pouvais les donner à mon maître, en faire quelque chose.

- Vous m'offrez votre aide ? Et bien je ne vais pas cracher dessus...C'est très aimable de votre part. Puis-je les voir ? Je vous dirai si je peux en faire quelque chose ou non...

Elle sourit, elle était radieuse, heureuse de pouvoir aider. Puis elle ouvrit sa petite besace de cuir.

- Vous m'offrez votre aide ? Et bien je ne vais pas cracher dessus...C'est très aimable de votre part. Puis-je les voir ? Je vous dirai si je peux en faire quelque chose ou non...

Enfin, un nouvel objectif s'ouvrait à moi ! L'Alpha était exténué, il allait pouvoir se reposer un tout petit peu sur moi, si cette plante pouvait éventuellement fonctionner, je l'aiderais à fabriquer le remède pour son maître, s'il l'acceptait.
J'ouvris ma petite sacoche et lui tendis un petit bouquet de plantes à l'étrange couleur marron orangé, toutes nouées à l'aide d'une ficelle.
J'avais trouvé ces plantes près du volcan de mon village, sous les buissons enflammés si communs à la Terre Volcanique.
Je me demandais quand même si, des plantes cultivées au feu plutôt qu'à l'eau auraient un quelconque effet sur un peuple qui vivait entre la terre et le ciel, entouré d'eau et ne voyant le feu que pour se chauffer.

L'Alpha sembla un petit moment déconcerté par l'étrange odeur de cette mystérieuse plante, qu'il n'avait certainement jamais vue.
Cela me rappelait lorsque ma grand-mère m'apprenait à soigner : elle me faisait associer les herbes avec les maladies qu'elles soignaient, je devais identifier la couleur, l'odeur, et même le goût de ces plantes pour réussir.
Cela me faisait sourire.

Cinq minutes sans un mot.
Commençant à m'impatienter, je me mis à me ronger les ongles.
Un vieux tic...
En réponse à cette impatience, je sentais mon feu bouillonner en moi. Grâce à mon pouvoir, sa couleur serait rouge bordeaux. J'avais beaucoup de mal à maîtriser mon feu d'impatience... J'avais peur qu'il jaillisse sans que je ne m'en rende compte..

- Alors... ? lui dis-je pour briser la glace.

Elle me tendit le petit bouquet. Les feuilles des plantes étaient légèrement fanés mais les fleurs étaient encore vivaces. Plutôt étonnant. La couleur orangé me perturba un instant, et l'odeur me sauta aux narines. Elle était forte, piquante, brûlante et au léger gout cendré. Une fleur typique des régions volcaniques. Je la sentis de nouveau, plongeant mon nez entre les pétales, respirant à pleins poumons l'odeur déconcertante. Quelle était donc cette fleur ?
Puis j'examinai les pétales, les effleurant une à une, les glissant entre deux doigts afin de mieux cerner sa nature. Mes bagues luisaient, et tout à coup elles avaient attiré l'attention de l'étrangère. Elle observait mes gestes un à un. Je sentais l'anxiété monter en elle.
Tandis que moi je regardais ses réactions derrière mes longs cil bruns, tout en manipulant toujours les pétales.

- Alors... ? Me demanda-t-elle après un long instant de silence.

Alors ? Non seulement la chaleur extérieur montait petit à petit mais en plus cette plante me disait vaguement quelque chose. Il fallait que je fouille dans ma mémoire. Quelle était son nom ? Quelles étaient ses propriétés ?
Il fallait que je l'examine plus attentivement. Il fallait que je m'en souvienne. Je fermai les yeux tout en posant un doigt sur ma bouche afin de mimer un "chut". Je me concentrai tout en faisant parcourir la tige entre mes doigts. Oui, cette étrange matière m'était familière. A un intervalle régulier je retrouvai cette petite bouloche enfouit dans la sève. Je tripotai les pétales, oui, elles étaient là aussi, plus fines mais présentes. Je savais que je la connaissais, j'en étais persuadé, mais c'était encore trop vague pour solliciter une exactitude venant de ma mémoire. Je coupais la tige, récupérant un petit peu de sa sève sur le bout des doigts pour l'apporter à mes narines. Elle était inodore. Puis je la malaxais entre mes doigts, elle était légèrement visqueuse. Oui, ca me revenait. Je rouvris mes yeux. La sève avait la couleur de la roche, marron.

- C'est une Elvaca, finis-je par dire. Plus connu sous le nom de la Fleur Ardente. Et comme son nom le laisse supposer, elle ne se trouve que dans les Terres Volcaniques près d'une source de chaleur. Et elle ne vit que près de cette source, dès qu'elle s'en éloigne, elle meurt aussitôt. C'est sans doute pour cela qu'elle est rare dans nos régions, pourtant ses propriétés curatives nous seraient d'un grand remède. Bien associé, et à petite dose, elle libère une morphine dans le corps de quiconque la consomme. Elle peut être extrêmement dangereuse pour ceux qui ignore comment s'en servir mais faut-elle encore qu'elle ne soit pas faner.
Je suppose que -pour qu'elle soit encore vivace- vous ayez une chaleur corporelle anormalement élevé. Ai-je raison ? Tirez-vous un pouvoir des Volcans ? Êtes-vous bien de ces gens qui maîtrisent le feu ?

Je la regardai un instant, j'observais le cercle rouge autour de sa pupille qui commençait à manger les iris d'or afin de les faire flancher vers le rouge écarlate. On aurait dit qu'elle avait grand mal à se contrôler. Il n'en faisait aucun doute, elle était de ces gens là.

- Avez vous besoin d'aide pour éteindre ce feu qui vous consume les chairs ?

Je la regardai de nouveau. Ses cheveux perdaient leurs boucles, quelques mèches devenaient même de couleur flamme. Et elle semblait avoir peur que son feu jaillisse sans qu'elle ne le sache, sans qu'elle ne puisse rien faire.

Dans ses yeux je me voyais autrefois. Je me voyais enfant. Perdu. Totalement effrayé par mon pouvoir, par ce qu'il avait fait de moi.
Au moment même où la glace avait éclaté dans mes veines, son eau avait parcouru mon corps, et une à une, mes mèches de cheveux avaient perdu leur couleur ébène, elles s'étaient faites mangé par la glace sans que je ne pu y faire quoique ce soit. A partir de ce moment là tout ce que je touchais devenait glace, un canal était ouvert en moi et je ne pouvais le refermer. Et chaque jour la même peur revenait : et si quelqu'un me touchait ? Et si il se glacait à mon simple contact ?
Alors pou éviter cela, je m'isolai, j'avais décidé de protéger mes proches de moi même. Portant sans cesse des gants que l'Alpha m'avait confectionné afin d'éviter tout accident. Puis il m'avait apprit à me canaliser, et à me contrôler. Et j'avais prit confiance en moi, j'avais quitté mes gants, je me maîtrisai, bien qu'au début cela fut dur, je pouvais de nouveau toucher une fleur sans risquer qu'elle ne se glace aussitôt tout comme je pouvais toucher mes proches sans risquer de les voir se glacer.

Peut-être l'inconnue n'avait-elle pas eu cette chance ?

L'Alpha me fit signe de me taire, tout en fermant les yeux. Il avait certainement besoin de calme et de concentration pour identifier la plante.
Il ne cessait pas de tripoter les pétales, de sentir, et de toucher la sève de l'herbe.
Il rouvrit ses yeux, et me dit :

- C'est une Elvaca. Plus connue sous le nom de la Fleur Ardente. Et comme son nom le laisse supposer, elle ne se trouve que dans les Terres Volcaniques près d'une source de chaleur. Et elle ne vit que près de cette source, dès qu'elle s'en éloigne, elle meurt aussitôt. C'est sans doute pour cela qu'elle est rare dans nos régions, pourtant ses propriétés curatives nous seraient d'un grand remède. Bien associé, et à petite dose, elle libère une morphine dans le corps de quiconque la consomme. Elle peut être extrêmement dangereuse pour ceux qui ignore comment s'en servir mais faut-elle encore qu'elle ne soit pas faner.
Je suppose que -pour qu'elle soit encore vivace- vous ayez une chaleur corporelle anormalement élevé. Ai-je raison ? Tirez-vous un pouvoir des Volcans ? Êtes-vous bien de ces gens qui maîtrisent le feu ?

Je me sentais mal, des bouffées de chaleur m’envahissaient. J'avais beaucoup de mal à sortir de mon état d'impatience, et à reprendre le contrôle de mon pouvoir.

- Avez vous besoin d'aide pour éteindre ce feu qui vous consume les chairs ?

Ma tête commençait à devenir lourde, mais je me repris en main, et souris :

- Ca va... Vous avez bien deviné, je tire mon pouvoir des Volcans, en effet... Mon peuple maîtrise le feu. Et nous avons bien une chaleur corporelle bien plus élevée que la votre. Je ne m'étais pas posé la question pour la plante, mais si vous ne voulez pas qu'elle fane, peut-être auriez-vous besoin de mon pouvoir ?
Puis-je vous être utile à quelque chose ?

Il fallait que je pense à autre chose, que je me fonde dans un état différent de celui-ci...
Penser à quelque chose d'autre...
Mes cheveux étaient lisses et des mèches rouges apparaissaient... Au bout de l'une d'elles, une flamme...
Il fallait que je respire profondément... Me calmer...

J'étais si mal que je n'entendais que peut ce qu'il me disait.
Dans ma tête, je me persuadais d'être calme, pour ne pas que mes flammes jaillissent. Je ne voulais ni blesser, ni effrayer personne.
Mais plus je me disais que j'étais calme, plus mon anxiété augmentait. Et ce que je redoutais arriva...
Une flamme, une grande flamme couleur rouge bordeaux enflamma une mèche de mes cheveux. Je la fixais avec intensité, me persuadant de pouvoir la faire rentrer dans mon corps. En vain.


- Je vous en prie. Laissez moi faire, n'opposez aucune réticence. Je peux vous aider avant que votre état n'empire, me dit l'Alpha.

Suivant son conseil, je me laissai faire, tout en me concentrant sur ses mouvements, pour me faire penser à autre chose.
Il empoigna mes bras, avec détermination et j'eus un frisson : son corps était si froid par rapport au mien !
Je me demandais si je n'étais pas en train de le brûler, de lui faire du mal.
Je fixais sa main. Et c'est alors qu'une matière cristalline aux reflets bleutés en sortit.
Je n'avais jamais vu une telle splendeur car ce n'était pas aux Terres Volcaniques que j'eus pu voir de la glace !
Mais je ne pus pas l'admirer bien longtemps, car, la chaleur de mes flammes étant encore trop forte, cette glace fondit.
Je regardai l'Alpha, dont les yeux devinrent étincelants, aux mêmes reflets que la glace que j'avais pu voir...
Nos regards se croisèrent un instant. Je fermai les yeux pour savourer cette fraîcheur qui commençait à envahir mon corps...

- Ne vous inquiétez pas, je vais vous aider à baisser votre température... Laissez vous faire...

Sa douce voix me semblait lointaine...
Mes jambes ne soutenaient plus mon corps, et je tombai sur les genoux...

Lorsque j'ouvris mes yeux, il était toujours là... Mais mes flammes, elles, avaient totalement disparu.
Je ne pouvais toujours pas me relever, le choc de ma précédente émotion étant toujours présent, mais je pouvais encore parler.
Mon coeur battait à cent à l'heure. Mes joues étaient brûlantes. La sueur perlait sur mon front.

- Merci... Beaucoup...

D'habitude, lorsque par malheur, une telle chose m'arrivait, le stade du "corps totalement enflammé" passé, je m'évanouissais et me sentais malade au réveil. Mais grâce à sa glace, je savais que je ne serais pas fiévreuse, quand le choc serait passé.
J'étais reconnaissante.

Je ramassai mes plante que je remis dans ma sacoche.
Je regardais autour de moi, et vis que les habitants de Galiador me regardaient comme une bête curieuse, normal.
Certains applaudissaient l'Alpha.
Il y avait de quoi...

Comme à ma demande, elle se laissa faire. Et quand j'augmentai mon pouvoir, quand ma glace réussit à éteindre son feu, elle se laissa bercer par cette fraicheur. Elle ferma ses yeux tandis que ses jambes flanchaient doucement. Son corps tomba vers moi, sa tête vint se poser contre mon corps tandis qu'elle se laissait tomber. Je l'aidais dans sa chute, j'accompagnais son corps avec délicatesse jusqu'à ce qu'elle soit au sol, assise sur ses genoux. Je m'accroupis en face d'elle, lui empoignant toujours les bras afin d'éviter que sa température ne remonte trop vite après celà. Elle haleta, quelques gouttes de sueurs perlèrent sur son front, son teint avait perdu de sa pâleur pour devenir légèrement rouge. Elle avait chaud. Je laissai de nouveau mon pouvoir s'emballer afin de la rafraichir. Elle ouvrit les yeux, ils avaient reprit leur teinte habituel.

- Merci... Beaucoup...Réussit-elle à dire dans un souffle.

J'inclinais la tête dans un signe de remerciement. Puis je la lâchai. Elle remarqua le bouquet de fleur à ses pieds, et le remit aussitôt dans son sac. Elle posa un instant son regard sur les autres Natriens présents. Ses joues s'empourprèrent légèrement sous la gêne. Je les regardais à mon tour. Certains étaient totalement terrorisés, dont un enfant qui se cachait derrière son père et une vieille femme qui n'en croyait pas ses yeux.
J'entendis des mains claqués suivit d'un léger brouhaha d'applaudissements.

Pathétique.

C'était ridicule. C'était écœurant. Ce regard de total incompréhension qu'ils lançaient à l'inconnue, et leurs yeux remplient de pitié, c'était tellement méprisant, tellement désobligeant. Tellement...oui, c'était le bon mot, tellement pathétique !
Ce regard d'envie, de remerciement qu'ils m'offraient, c'était tout aussi à en pleurer. Qu'avais-je fait de si spectaculaire ? De quoi se mêlaient-ils ? Pourquoi ?

Je sentais mes sourcils se froncer.
Je sentais mes ongles s'enfoncer dans la paume de ma main.
Je sentais ce regard que je détestais tant. Même s'il ne m'était pas adressé, il me dégoutait toujours autant.
Je sentais une fièvre de rage m'envahir.

Je devais sortir.
Quitter ces yeux.
Rejoindre mon maître.
Lui préparer cette potion.
Et vite.

Je regardai de nouveau l'inconnue, elle était toujours à terre. Je me penchai vers elle afin de lui chuchoter quelques mots.

- Je serai dans les Plaines d'Ersia dès la nuit tombé. Rejoignez-moi si l'envie vous dit, je répondrai à vos autres questions.

Je me levai et partit aussi vite que possible tout en gardant la posture du haut dirigeant de Galiador. Il ne fallait pas que l'on voit mon trouble, que l'on voit ma rage, que l'on voit ma fatigue. Il me fallait dormir, me reposer un instant, me décontracter. Mais avant tout il fallait que je vois mon maître. Je tenais fermement la plante que l'inconnue m'avait donné. Et je sortis de la salle par là où j'étais arrivé avec cette détermination qui me posséder.

Mis à part les applaudissement des habitants de Galiador, il y eut un silence.
J'eus la curiosité de voir sa réaction face aux regards de remerciements et aux claquements de mains. Je le regardai.
Son regard se crispa... C'est sourcils se froncèrent...

Que pensait-il à ce moment là ? Ne pensait-il donc pas comme tous les autres ?
Aurions-nous eu une expérience similaire ? Ou était-il simplement compatissant ?

Je le regardai encore une fois... Intriguée pas sa réaction...
Je pensais les humains tous intolérants, intéressés, égoïstes etc... Sans même le connaître, je savais qu'il n'était pas comme ça... Je le sentais... D'abord, je l'avais senti dans sa voix... Et puis là dans son comportement.

Tout à coup, il se pencha vers moi. Je ne m'y attendais pas et fus quelque peut surprise en voyant son visage juste en face du mien.
Je le fixai droit dans les yeux.

- Je serai dans les Plaines d'Ersia dès la nuit tombée. Rejoignez-moi si l'envie vous dit, je répondrai à vos autres questions.

Je lui répondis par un sourire et il partit. Il serrait fort la plante que je lui avais donné.
Les Plaines d'Ersia.
De nouvelles réponses.
Un nouveau départ ?

Après quelques instants, je me levai, ma force retrouvée, et sorti de Galiador, pour fuir les regards insoutenables des habitants du village.
Et j'attendais impatiemment la nuit, excitée d'avoir des réponses, d'autres réponses, et aussi de le revoir...